Le coordonnateur
a effectué, samedi 19 janvier, une visite-surprise au club de débat de Christ-Roi, à
l’heure de leur réunion hebdomadaire à l’école Immaculée de Marie, sur la route de Bourdon. Ce club a entamé depuis quelques semaines une formation sur les notions et
techniques du débat Karl Popper pour ses nouveaux membres. 25 jeunes, en grande
majorité des filles (18), étaient présents à la rencontre qui portait
essentiellement sur les notions de réfutation et de reconstruction dans le
débat.
La très jeune
Shéréazade sur demande de l’animateur du club, Bengie Alcimé, a rappelé la
définition de la réfutation. Selon elle, réfuter,
c’est prendre le contre-pied d’un ou plusieurs arguments, autrement dit
combattre un argument. Elle a souligné que tout
argument non réfuté est un argument gagné par l’adversaire. Elle a conclu pour
dire que tout argument est réfutable. Pour bien réfuter, le débatteur doit tout
d’abord identifier le mot-clé de l’argument, puis relever ses faiblesses et
enfin présenter un contre-argument.
Pour une autre jeune
fille du club, reconstruire un argument,
c’est reprendre son argument avec de nouvelles explications, de manière à
rejeter la réfutation qui en a été faite. Les camarades de club des 2
intervenantes ont appuyé leurs propos. Ainsi, les jeunes du club ont semblé
bien assimiler ces 2 notions fondamentales du débat. Pour s’en convaincre, l’animateur
Bengie a introduit un premier exercice où un jeune a à formuler un argument
pour ou contre un énoncé pour que ses camarades en identifient après les
faiblesses.
La première
tentative n’a pas été réellement concluante, mais a permis de voir la
difficulté des débateurs de passer de la théorie à la pratique. Sur la
résolution, L’adoption d’enfants par les
couples homosexuels doit être interdite, un débatteur qui est contre argue
que « l’adoption sauve des enfants
de rue ». La faiblesse de l’argument, a expliqué le coordonnateur,
réside dans le fait que le raisonnement ignore le véritable problème que pose le
sujet qui est le refus d’accorder aux homosexuels les mêmes droits que les
couples hétérosexuels.
Un autre
exercice d’application a été tenté avec un autre énoncé proposé par le
coordonnateur: La polémique au carnaval
contribue à sa réussite. Deux débatteurs volontaires improvisent un débat
où chacun défend une position sur l’énoncé, en donnant un argument qui sera
réfuté par l’autre. Après 3 minutes de préparation, une jeune débatteuse a soutenu
l’énoncé en expliquant que la polémique entretient davantage d’ambiance du fait
que les gens s’intéressent aux répliques des orchestres qui fournissent alors
de belles meringues.
Son adversaire
du moment réfute cet argument en montrant que des gens se tuent justement à
cause de ces meringues-polémique qui ne sont que prétexte pour dire des
insanités sans penser aux enfants. Contre-argument vite contenu par son
vis-à-vis qui rejette la responsabilité de cette violence sur la société
haïtienne elle-même, et non sur les groupes musicaux. « Il n’est pas étonnant, selon cette
débatteuse, de voir les fanatiques de ces
groupes musicaux s’embrasser dans les rues après une journée de carnaval ».
Le coordonnateur
a fait comprendre à l’assistance que la résolution pose un présupposé
logique : la polémique entretient une ambiance telle qu’elle conduit à la
réussite du carnaval. Si la position affirmative démontre efficacement cette
relation de cause à effet, elle fera un grand pas vers la victoire. La
stratégie de l’équipe négative sera de casser ce lien logique afin de pouvoir
emporter le débat. Néanmoins, il sera très important pour les débatteurs de
s’intéresser au sens qu’ils donneront aux mots « polémique »,
« ambiance », et « réussite ».
Au-delà du fait
que les arguments présentés dans l’exercice ont été spontanés, donc non
formulés de manière claire et structurée, il était palpable que les jeunes
présents à la rencontre avaient quelques difficultés à bien appréhender les
véritables problèmes et enjeu d’un sujet de débat, d’où l’intérêt des séances
de brainstorming et d’analyse des énoncés.
Mais c’était par ailleurs intéressant de voir la rapidité avec laquelle les
jeunes voyaient leurs propres limites, et la manière positive dont ils
réagissaient aux remarques critiques du coordonnateur.
Ce qu’il fallait
surtout tirer comme enseignement de cette rencontre, c’est le potentiel de
débatteuses que regorge le club de Christ-roi. Les autres clubs du réseau
auront certainement fort à faire lors du tournoi national de débat l’été
prochain. Le travail de formation qu’effectuent les 2 animateurs du club,
Bengie et Alfred, avec leurs jeunes est très prometteur et tend vers cela. Il n’est que d’attendre.
Jean-Gérard Anis
Coordonnateur
national du PIJ - FOKAL
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