lundi 21 janvier 2013

Le club de Christ-Roi à l’école du débat


Le coordonnateur a effectué, samedi 19 janvier, une visite-surprise au club de débat de Christ-Roi, à l’heure de leur réunion hebdomadaire à l’école Immaculée de Marie, sur la route de Bourdon. Ce club a entamé depuis quelques semaines une formation sur les notions et techniques du débat Karl Popper pour ses nouveaux membres. 25 jeunes, en grande majorité des filles (18), étaient présents à la rencontre qui portait essentiellement sur les notions de réfutation et de reconstruction dans le débat.

La très jeune Shéréazade sur demande de l’animateur du club, Bengie Alcimé, a rappelé la définition de la réfutation. Selon elle, réfuter, c’est prendre le contre-pied d’un ou plusieurs arguments, autrement dit combattre un argument. Elle a souligné que tout argument non réfuté est un argument gagné par l’adversaire. Elle a conclu pour dire que tout argument est réfutable. Pour bien réfuter, le débatteur doit tout d’abord identifier le mot-clé de l’argument, puis relever ses faiblesses et enfin présenter un contre-argument.

Pour une autre jeune fille du club, reconstruire un argument, c’est reprendre son argument avec de nouvelles explications, de manière à rejeter la réfutation qui en a été faite. Les camarades de club des 2 intervenantes ont appuyé leurs propos. Ainsi, les jeunes du club ont semblé bien assimiler ces 2 notions fondamentales du débat. Pour s’en convaincre, l’animateur Bengie a introduit un premier exercice où un jeune a à formuler un argument pour ou contre un énoncé pour que ses camarades en identifient après les faiblesses.

La première tentative n’a pas été réellement concluante, mais a permis de voir la difficulté des débateurs de passer de la théorie à la pratique. Sur la résolution, L’adoption d’enfants par les couples homosexuels doit être interdite, un débatteur qui est contre argue que « l’adoption sauve des enfants de rue ». La faiblesse de l’argument, a expliqué le coordonnateur, réside dans le fait que le raisonnement ignore le véritable problème que pose le sujet qui est le refus d’accorder aux homosexuels les mêmes droits que les couples hétérosexuels.

Un autre exercice d’application a été tenté avec un autre énoncé proposé par le coordonnateur: La polémique au carnaval contribue à sa réussite. Deux débatteurs volontaires improvisent un débat où chacun défend une position sur l’énoncé, en donnant un argument qui sera réfuté par l’autre. Après 3 minutes de préparation, une jeune débatteuse a soutenu l’énoncé en expliquant que la polémique entretient davantage d’ambiance du fait que les gens s’intéressent aux répliques des orchestres qui fournissent alors de belles meringues.

Son adversaire du moment réfute cet argument en montrant que des gens se tuent justement à cause de ces meringues-polémique qui ne sont que prétexte pour dire des insanités sans penser aux enfants. Contre-argument vite contenu par son vis-à-vis qui rejette la responsabilité de cette violence sur la société haïtienne elle-même, et non sur les groupes musicaux. « Il n’est pas étonnant, selon cette débatteuse, de voir les fanatiques de ces groupes musicaux s’embrasser dans les rues après une journée de carnaval ».

Le coordonnateur a fait comprendre à l’assistance que la résolution pose un présupposé logique : la polémique entretient une ambiance telle qu’elle conduit à la réussite du carnaval. Si la position affirmative démontre efficacement cette relation de cause à effet, elle fera un grand pas vers la victoire. La stratégie de l’équipe négative sera de casser ce lien logique afin de pouvoir emporter le débat. Néanmoins, il sera très important pour les débatteurs de s’intéresser au sens qu’ils donneront aux mots « polémique », « ambiance », et « réussite ».

Au-delà du fait que les arguments présentés dans l’exercice ont été spontanés, donc non formulés de manière claire et structurée, il était palpable que les jeunes présents à la rencontre avaient quelques difficultés à bien appréhender les véritables problèmes et enjeu d’un sujet de débat, d’où l’intérêt des séances de brainstorming et d’analyse des énoncés. Mais c’était par ailleurs intéressant de voir la rapidité avec laquelle les jeunes voyaient leurs propres limites, et la manière positive dont ils réagissaient aux remarques critiques du coordonnateur.

Ce qu’il fallait surtout tirer comme enseignement de cette rencontre, c’est le potentiel de débatteuses que regorge le club de Christ-roi. Les autres clubs du réseau auront certainement fort à faire lors du tournoi national de débat l’été prochain. Le travail de formation qu’effectuent les 2 animateurs du club, Bengie et Alfred, avec leurs jeunes est très prometteur et tend vers cela. Il n’est que d’attendre.

Jean-Gérard Anis
Coordonnateur national du PIJ - FOKAL

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