1/ DEFINITIONS GENERALES
a.
Définitions
L’économie
informelle désigne « l’ensemble des activités productrices de biens et
services qui échappent au regard ou à la régulation de l’Etat », Dictionnaire d’Economie et des Sciences
Sociales, Nathan. Elle s’oppose ainsi à l’économie officielle.
Elle
« fait référence à toutes les activités économiques des travailleurs et
d’unités économiques qui ne sont pas couverts- en vertu de la législation ou de
la pratique - par des dispositions formelles. Ces activités n’entrent pas dans le champ d’application
de la loi, ce qui signifie que ces travailleurs et unités opèrent en marge de
la loi; ou bien ils ne sont pas couverts dans la pratique, ce qui signifie que
la loi ne leur est pas appliquée alors même qu’ils opèrent dans le cadre de la
loi; ou bien encore la loi n’est pas respectée parce qu’elle est inadaptée,
contraignante ou qu’elle impose des charges excessives. », Définition de l’Organisation Internationale du Travail
(OIT).
En juin
2002, la Conférence Internationale du
Travail(CIT) adopte une Résolution concernant le travail décent, pour
répondre aux besoins des travailleurs et des secteurs économiques de l’économie
informelle. C’est à partir de ce moment-là que l’expression “économie
informelle” s’officialise et entre dans le jargon des institutions
internationales[1].
b.
Dénominations
L’économie informelle échappe aux principales normes de
contrôle et d’étude. Selon l’idéologie et la prise de position, différentes
expressions plus ou moins équivalentes peuvent la caractériser : activité de
subsistance, activité de transition ; circuit inférieur ; économie de
subsistance ; petite production marchande ; secteur non contrôlé, secteur inorganisé,
secteur non structuré, secteur transitionnel, secteur tertiaire primitif;
économie non officielle, non enregistrée, non déclarée, submergée, clandestine,
parallèle, alternative, souterraine, secondaire, etc.
c.
Typologie
L’économie informelle peut être divisée en différentes
sous-catégories :
-
l’économie familiale ou domestique :
-
l’économie conviviale : qui ne donne pas lieu à
rémunération
-
l’économie souterraine, qui comprend elle-même
différentes formes d’activités :
o
le travail au noir
o
économie générée par des délits économiques
o
économie générée par des activités criminelles.
d.
Caractéristiques
et perceptions
Selon
l’Organisation Internationale du Travail, “dans les pays en développement, 50 à
75% de la main d’œuvre non agricole
travaille dans l’économie informelle. Ces emplois sont souvent synonymes de
paupérisation et de mauvaises conditions de travail. Ces emplois se
caractérisent également par l’absence de protection en cas de non-paiement des
salaires, d’heures supplémentaires forces, de renvois sans préavis ni indemnités,
de conditions de travail dangereuses et d’absence d’avantages sociaux”[2].
Les
positions divergent quant à la perception, positive ou négative, du secteur
informel.
« On peut le voir de manière positive en tant
que source d’emploi et de revenus pour des millions de personnes qui,
autrement, ne disposeraient d’aucun moyen de substance. Il peut être vu
négativement dans la mesure où c’est un segment entier de la société qui
échappe à toute réglementation et protection. Il peut être perçu de manière
romanesque en tant que terrain propice à l’esprit d’entreprise, qui pourrait
s’épanouir si seulement il n’était pas gêné par un tas de réglementations et
une bureaucratie inutiles. Il peut être condamné en tant que source de retard,
de pauvreté, de crimes et de conditions insalubres… », BIT[3] :
rapport du Directeur Général, 1991.
A consulter
-Document de l’OIT, “Résolutions adoptées par la
Conférence Internationale du Travail à sa 90ème session”, 2002 : http://www.ilo.org/public/libdoc/ilo/GB/285/GB.285_7_2_fren.pdf
2/ ENJEUX DE L’ECONOMIE FORMELLE ET DE L’ECONOMIE
INFORMELLE EN HAÏTI
Nous traitons ici des activités légales menées
illégalement. Il est difficile d’obtenir des informations sur l’économie
générée par les activités illégales et criminelles.
a.
Les chiffres
de l’Enquête sur l’Emploi et l’Economie Informelle de l’Institut Haïtien de Statistique
et d’Informatique (IHSI)[4]
Le
document s’appuie sur la notion d’informalité des activités économiques telle
que définie lors de la Conférence
Internationale des Statisticiens du Travail (CIST)[5],
en 2003.
-“Est
formel tout établissement privé qui possède la patente et qui tient une
comptabilité formelle aux normes de la fiscalité en rigueur” (p.73) Selon cette
définition, seulement 1,9% des
emplois à l’échelle nationale sont issus d’établissements privés formels. Regroupe
les entreprises régies par des lois, qui paient des impôts et des taxes. Elles
sont généralement regroupées dans des organisations patronales : Chambre du
Commerce, Association des Industries d’Haïti, Chambre de Commerce
Franco-Haïtienne, l’AIHE, l’HAMCHAM, Association Hôtelière, l’APB, la FHASEP…
Elle
regroupe en général : les industries manufacturières, les services,
l’administration publique; et représente une petite part de l’emploi total.
-“Le
secteur informel est considéré comme l’ensemble d’unités de production
non-enregistrées ou ne possédant pas de comptabilité formelle” / “est informel
tout emploi créé au sein des unités de production informelles”. Selon cette
définition, 54,8% des emplois à
l’échelle nationale sont issus d’établissements privés informels. Le document
considère deux aspects : un aspect juridique (absence de soumission des
travailleurs à la législation en vigueur : enregistrement, comptabilité,
fiscalité…); un aspect politique (exclusion des travailleurs par rapport aux
lois relatives à la fiscalité et à la protection sociale). Ce dernier point
relève de la capacité de l’Etat à faire appliquer et respecter la loi et les
normes réglementaires.
A consulter
- Décret du 24 février 1984 actualisant le Code du
Travail du 12 septembre 1961, en ligne : http://www.ilo.org/dyn/natlex/docs/WEBTEXT/135/64790/F61HTI01.htm
- “Enquête sur l’Emploi et l’Economie Informelle” (EEEI)
– phase 1, réalisé par l’IHSI, juillet 2010 : en ligne : http://www.ilo.org/public/libdoc/igo/2010/479421.pdf
-Lamaute-Brisson, Nathalie, L’économie informelle en Haïti, L’Harmattan,2002
b.
Panorama
des métiers de l’économie informelle en Haïti[6]
Secteurs d’activités
|
Exemples d’activités
|
Commerce
|
Boutique,
snack-bar, restaurant, boucherie, boulangerie, détaillant en tissus, en
quincaillerie, etc.
|
Production
et vente de produits alimentaires
|
Machann fritay et marchandes manje kwit, petits métiers, etc.
|
Artisanat
|
Sculpture,
peinture, poterie, vannerie
|
Petites
industries
|
Fabrique
de blocs, de sachets, atelier de tailleur, cordonnerie, ébénisterie, ferronnerie,
garage, ateliers de transformation agro-alimentaire, etc.
|
Services
|
Salons
de beauté, salons de coiffure, borlettes, transports, domesticité, etc.
|
Le cas
du travail domestique en Haïti
Pas de
salaire minimum; la rémunération est fonction du salaire/statut de l’employeur,
de l’état de l’offre/demande sur le marché du travail, de l’âge de l’employé,
etc.; absence de protection sociale; absence de sécurité de l’emploi. Cf. le
cas particulier des “restavèks”.
c.
L’importance
socio-économique du secteur informel : vers un soutien ou vers une sortie ?
Selon
l’Enquête sur le budget et consommation des ménages, menée par l’IHSI en 2003,
plus d’un quart de la population n’est pas capable de satisfaire ses besoins
primaires. A cela s’ajoute les inégalités criantes d’accès à l’éducation, au
logement et à la santé. En l’absence d’initiatives des autorités étatiques et
de politiques de développement, la force de travail constitue l’un des principaux
facteurs dont disposent les ménages les plus pauvres pour assurer leur survie.
“Le secteur informel est né dans la
préoccupation de survie et de bien-être d’une population en grande partie
déplacée”, dit Guy Paul. Selon lui, l’économie informelle contribue à une
partie importante du revenu national et elle joue un rôle important dans le
pays : fournit des biens et des services à des prix accessibles à la majorité
de la population; créé des emplois et génèrent des revenus pour les personnes
les plus défavorisées; fournit une formation professionnelle sur le tas à des
personnes illettrées, analphabètes ou sorties/exclues du système scolaire; met
à disposition un terrain d’essai pour les talents des entrepreneurs.
“L’informel
représente une réponse à un développement urbain anarchique et démesuré et aux
manques de moyens financiers des couches les plus vulnérables de la population
face aux difficultés de s’adapter et de répondre à la plupart de leurs besoins.
(…) Le secteur informel contribue aussi au développement de la capacité productive,
à l’innovation, à la création d’entreprises et à l’alimentation de l’économie
formelle en intrants essentiels”[7].
Malgré
l’importance que revêt l’activité informelle, elle demeure à l’écart des
préoccupations de l’Etat et des programmes d’aide. Elle souffre de : problèmes
de crédit (car les activités informelles ne sont pas en mesure de produire les garanties
requises par les institutions financières; et elles se tournent alors vers le
marché du crédit non structuré); problèmes de locaux; de demande; de
production; de gestion (manque de connaissances techniques et administratives),
et enfin de problèmes institutionnels (manque d’encadrement fourni à ce secteur
par l’Etat).
Dans le
rapport “Informalité : retrait
volontaire et exclusion” de la Banque Mondiale (2007), il est dit que
l’ampleur du secteur informel en Amérique Latine et dans la Caraïbes témoigne
des défaillances institutionnelles, limite les opportunités de croissance et de
protection sociale, et compromet la cohésion du tissu social. Pour réduire
l’ampleur de l’informalité, le rapport explique que les gouvernants doivent
s’efforcer de créer des conditions propices à la production et à la croissance
du secteur formel ; et aider les entreprises et les travailleurs du
secteur informel à entrer dans le formel. Le rapport se termine ainsi :
« Un meilleur climat propice aux investissements permettrait aux
entreprises du secteur formel de se développer et d’offrir des salaires plus
élevés, ce qui réduirait l’attrait de la poursuite des activités dans le cadre
du secteur informel ».
A
l’opposé, si l’on veut venir en aide aux travailleurs du secteur informel, la micro-finance demeure l’une des
options. En Haïti, on dénombre le Fonds Haïtien d’Aide à la Femme (FHAF), qui a
stimulé l’entreprenariat féminin au niveau de l’économie informelle, en
permettant à des dizaines de milliers de
femmes d’avoir financements et formations ; la Fondasyon Kole Zepòl
(Fonkoze) ; la FINCA Haïti ; l’Association pour la Coopération avec
la Micro-Entreprise (ACME)…
L’économiste
péruvien Hernando do Soto est l’un
des théoriciens à avoir préconisé la nécessité de formaliser l’informel,
notamment dans son ouvrage L’autre
sentier. La révolution informelle dans le Tiers-Monde.
A consulter
-Paul, Guy,
“L’importance du secteur informel”, in Forum Libre : le secteur informel dans l’économie haïtienne, PAP,
1989
-Tardieu Bazin, Danielle, “Les femmes et le secteur
informel en Haïti”, in Forum Libre : le
secteur informel dans l’économie haïtienne, PAP, 1989
-Antonin, Arnold, L’économie
de la survie en Haïti, 2004 (documentaire)
-Le secteur
informel et la dimension de genre au sein du marché en Fer et du Marché de la
Croix-des-Bossales, par Haïti Sonde en collaboration avec la revue Anayizz,
2008.
-E. Perry,
Guillermo, Rapport de la Banque Mondiale, “Informality : exit and exclusion”,
2007, en ligne : http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/COUNTRIES/LACEXT/0,,contentMDK:21345369~menuPK:258569~pagePK:2865106~piPK:2865128~theSitePK:258554,00.html
-De Soto,
Hernando, L’autre sentier. La révolution
informelle dans le Tiers-Monde, La découverte, 1994
-De Soto,
Hernando, Le mystère du capital,
Flammarion, 2005
-Lautier, Bruno,
« Cinq questions à Hernando de Soto », Tiers-Monde, vol. 36, n°142, 1995, en ligne sur la plateforme
Persée : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1995_num_36_142_4964
Réalisé par Jean-Gérard Anis & Carine
Schermann
FOKAL Mars-Avril 2014
[1] L’expression a été utilisée pour la première fois par K.
Hart, en 1971, lors d’une intervention auprès de l’Institute
ofDevelopmentStudies, à l’Université du Sussex. Elle a été reprise peu après par
le BIT dans un rapport sur le Kenya.
[2] Site de l’OIT
[3] Le Bureau International du Travail est le secrétariat permanent de
l’Organisation Internationale du Travail.
[4] Le second volet de l’enquête, intitulé “Emploi, Economie informelle et
Consommation des Ménages” (EEICM) était sensée être publiée en 2007. Elle
demeure néanmoins introuvable sur le site de l’IHSI.
[5] Le rapport final de la conférence est disponible sur le
site de l’OIT : http://www.ilo.org/global/statistics-and-databases/meetings-and-events/international-conference-of-labour-statisticians/19/lang--fr/index.htm
[6] D’après “L’importance du secteur informel”, de Guy Paul.
[7] In Secteur informel et la dimension
de genre au sein du Marché de fer et du Marché de la Croix-des-Bossales
1 commentaire:
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