1/ DEFINITIONS GENERALES
1. Loisirs
Activités, pratiques
dites de « temps libre », qui se définissent par opposition au
temps passé au travail. Les loisirs sont en général associés à des notions
telles que le plaisir ou le divertissement. La définition des loisirs
est fonction de l'époque dans laquelle ils s'inscrivent, mais en règle
générale, ils ont toujours été le reflet des sociétés et de leurs inégalités.
Les différentes catégories sociales peuvent plus ou moins facilement se
dégager des servitudes du travail et ont un accès plus ou moins aisé aux
loisirs en fonction de leurs revenus.
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Notions
à consulter :
Société de loisir, divertissement, distraction, culture de chambre, culture
urbaines, bon plan
Lire pour aller plus
loin
• Encyclopédie Encarta 2008
2.
Vie associative
C’est participer ou
militer dans une association. Une association est une structure où plusieurs
personnes (les membres) se regroupent autour d'un but commun, appelé objet de
l'association. Leur motivation est de poursuivre ensemble ce but et non de
tirer un profit de leur activité : les membres de l'association sont des amateurs.
Une association, en principe, est à but non lucratif. Les activités déployées
relèvent souvent d’une mission d’intérêt général en contribuant au maintien et
au renforcement de la cohésion sociale. Elle promeut des valeurs comme la solidarité et l’engagement social, le
volontariat, le bénévolat.
Constitution du 29 mars 1987 Section E- De la liberté de réunion et
d’association
Art 31 La liberté
d’association et de réunion sans armes à des fins politiques, économiques,
sociales, culturelles ou à toutes autres fins pacifiques, est garantie.
Art 31-3 Nul ne peut être
contraint de s’affilier à une association quel qu’en soit le caractère.
Adhérer à une association répond
souvent à plusieurs motivations, même si elles n’ont pas toutes la même force
d’incitation. Le désir d’aider autrui (être utile à la société, faire quelque
chose pour les autres) est le motif le plus fréquemment invoqué par les jeunes,
mais la recherche de relations interpersonnelles (« Souhaiter rencontrer des
personnes ayant les même préoccupations et se faire des amis ») et
l’épanouissement personnel (« s’épanouir, occuper son temps libre ») sont
également mis en avant à titre de mobile principal ou de raison plus secondaire.
Notions
à consulter :
Volontariat, bénévolat, société civile, engagement social, vie citoyenne
Lire pour aller plus
loin
• Encyclopédie Encarta 2008
• Lionel Prouteau et François-Charles Wolff, Donner son temps : les bénévoles dans
la vie associative, INSEE. [PDF]
• Loi des associations en Haïti (MPCE). [PDF]
• Loi des associations en Haïti (MPCE). [PDF]
- Qu’est-ce
qu’un espace d’expression et de créativité?
Un espace
d’expression et de créativité est un lieu physique, virtuel ou symbolique dans
lequel un individu peut exercer sa liberté de communiquer, de s’exprimer,
d’apprendre, d’agir, de créer, d’inventer, de s’épanouir dans les limites et le
respect de la loi.
Notions
à consulter :
espace virtuel, cyberespace, espace symbolique
2/ ETAT DES LIEUX ET ENJEUX
a.
Loisirs (occuper son temps)
a.1. Historique
C'est la révolution
industrielle qui modifia profondément la notion de loisirs en la dissociant peu
à peu des pratiques collectives. La transformation rapide des liens
de solidarité traditionnels et des modes de production ont augmenté les
inégalités sociales et l'aliénation de l'homme dans le travail, suscitant des
besoins nouveaux sur le plan des loisirs.
Dès le XIXe siècle, les loisirs
figurèrent parmi les revendications sociales : ils représentaient un
besoin d'affranchissement de la servitude du travail et un instrument de
réalisation de soi. En vertu de ce changement radical de la conception des
loisirs, ceux-ci apparurent comme un moyen d'épanouissement individuel. Peu à peu, les loisirs
sont devenus synonymes de vacances, de libération des contraintes
professionnelles, voire de rupture totale avec le monde du travail.
Au début de l'ère de
la consommation de masse, les loisirs sont devenus des biens de consommation
courante et parfois même une finalité en soi, un pur divertissement sans réel
épanouissement social. Ils constituent aujourd'hui un domaine économique à part
entière, comme en témoigne l'existence de l'industrie des loisirs : la
télévision, objet de loisir par excellence, reflète parfaitement cette tendance
actuelle. Ainsi, les chaînes dites commerciales, qui proposent des distractions
au grand public, financent leurs programmes avec les recettes publicitaires.
En règle générale, les
loisirs ont perdu le caractère collectif qui les caractérisait auparavant,
reflétant par là l'évolution de la société contemporaine. Les loisirs se
définissent davantage par rapport au travail, représentant une rupture avec
celui-ci, alors que par le passé ils pouvaient en être la célébration.
Lire pour aller plus
loin
• Encyclopédie Encarta 2008
• Alain
Corbin, L’avènement des loisirs,
Flammarion 2009, Paris
a.2.
Les loisirs des jeunes en Haïti
En Haïti, on constate
que très peu d’infrastructures de loisirs desservent les jeunes. On note que
les institutions et infrastructures pouvant attirer les jeunes font défaut et
que celles destinées à cette fin sont quasi-inexistantes dans les écoles
où les jeunes passent la majeure partie de leur temps. Il n’existe aucune salle
de spectacle, ni de cinéma, mais des centres culturels et des centres sportifs
disparates. Tout ceci crée une situation où la jeunesse désœuvrée est laissée à
elle-même, dans une atmosphère où la vie pour eux n’est plus que de simples
exercices monotones : aller à l’école (ceux qui peuvent s’y rendre) pour
retourner à la maison, rester à la maison à ne rien faire durant les vacances
ou trainer dans les rues.
Une telle situation
n’est favorable qu’à rendre encore plus vulnérables des jeunes qui, pour
échapper à l’inaction, et pour satisfaire leur quête de distraction, ne
trouveront d’autres alternatives que celles qui leur sont souvent proposées par
des boites de nuits, les films violents ou obscènes diffusés à la télévision et
des activités de débauche tardivement organisées dans presque tous les
quartiers de la ville, plus connues sous le nom de ‘Ti
Sourit'. Cette situation constitue un danger certain pour
l’avenir de la jeunesse en Haïti.
Par ailleurs, on
trouve, dans les propositions publiques, des équipements d’accès libres tels
que terrains de basket et cités-stades qui sont explicitement conçus pour
canaliser l’agressivité ou la frustration des jeunes dans des activités
sportives libres. Les terrains de sports d’accès libre concernent aujourd’hui
100% de garçons. On cherche encore une proposition publique équivalente pour
les jeunes filles.
a.3.
Les types de loisirs courants en
Haïti
Les lieux (par les habitudes
de fréquentation): la plage, les boites de nuit, les clubs de danse, les
espaces récréatifs (terrains et salles de sport), les bibliothèques, les centres
culturels, les jardins publics, les lieux de villégiature ou touristiques…
Les événements (par la vigueur
de la participation): les festivals de musique, le carnaval, les fêtes champêtres
ou patronales, les rassemblements festifs (‘ti
sourit’, after school, pool party…),
les événements sportifs (foot, basket, volley), les concours, les spectacles culturels ou
artistiques, les journées récréatives…
Les passe-temps (les favoris et
les plus courants): le flirt amoureux, regarder la télé, surfer sur internet, s’adonner
au sexe libre, à des activités artistiques, pratiquer un sport, jouir de
distractions, voir les ami(e)s, faire de la musique, jouer aux jeux vidéos ou
créatifs, militer dans une association de jeunes,
Les bons plans : les
excursions et randonnées diverses, les sorties en commun, les
visites-découvertes en dehors des centres urbains, séjours de vacances en
province ou à la campagne, les camps d’été…
b. Vie
associative (donner son temps)
Créer ou militer dans
une association permet de réaliser des tâches qu'il serait impossible
d'accomplir seul. Plusieurs membres consacrent une partie de leur temps à son
fonctionnement (bénévolat). Une association est ce que l'on appelle une personne
morale, identifiée par son nom, c'est-à-dire qu'elle peut accomplir des
actes juridiques (conclure des contrats) au nom de tous ses membres.
Les associations
peuvent être de toute taille et leur objet peut appartenir à tous les domaines
en Haïti (Lire article 8 dans l’encadré).
Des associations reconnues d'utilité publique peuvent collecter des
dons, comme celles qui s'occupent de nourrir les démunis et loger les
sans-abri.
PROJET
DE LOI- CADRE FIXANT LE STATUT GENERAL DES ASSOCIATIONS EN HAITI
Ministère
de la Planification et de la Coopération Externe (MPCE)
Article
1.- L'association est une convention par laquelle plusieurs
personnes mettent en commun d'une façon permanente leurs connaissances, leurs
activités et leurs idéaux, dans un but non lucratif, c'est à dire dans un but
autre que de partager des bénéfices.
Article
2.- L'association est régie par son acte constitutif, ses statuts et
par les lois haïtiennes en vigueur.
Article
3.- Toute association peut se former librement sans autorisation ni
déclaration préalable. Elle jouit de la capacité juridique si elle se conforme
aux dispositions des articles 6,7 et 8 de la présente loi.
Article
4.- Toute association qui veut obtenir un statut particulier, en
application des lois spéciales régissant la matière, doit préalablement obtenir
la personnalité juridique conformément à la présente loi.
Article
5.- Toute association fondée sur une cause ou en vue d'un objet
illicite, contraire aux bonnes mœurs, à la loi et à la Constitution est nulle
et de nul effet.
Article
6.- Toute association doit compter au moins trois (3) membres et
avoir une assemblée délibérative et une instance dirigeante.
Article
7.- Les statuts de toute association constituée sur le territoire
haïtien doivent contenir:
-
les noms, domiciles, adresse, numéro d'identification ou
d'immatriculation
fiscale
des fondateurs ; - la
dénomination, le but, les objectifs, la durée, le siège social de l'Association
; - la structure organisationnelle ; -
les droits et obligations des membres ; -
les pouvoirs des assemblées ; -
les attributions des dirigeants ; -
les conditions d'admission et de radiation des membres ; -
la source du patrimoine, s'il en existe ; -
les modalités et procédures électorales ; -
les procédures de résolution des conflits et des litiges ;
-
la détermination des causes et des modes de dissolution ; -
la disposition des biens en cas de dissolution
Article
8.- La dénomination de toute association haïtienne doit être exprimé
dans l'une des deux langues du pays.
Le
sport, la culture et les loisirs ainsi que la défense des droits sont les
terrains de prédilection du bénévolat masculin, tandis que les activités
éducatives, religieuses mais aussi l’action sociale, caritative et humanitaire
sont nettement plus féminisées.
Les Associations
jeunesse en Haïti
Les
nationales :
FOSREF, VDH, KIRO, Scouts d’Haïti, les Guides d’Haïti, les Maisons de jeunes,
les Clubs de débat de FOKAL, les Brigades chrétiennes et lumières d’Haïti,
YMCA, YWCA, Toastmaster…
Les locales : les associations de quartiers (une pléthore
sur le territoire)
Les
confessionnelles : Mouvement Eucharistique des Jeunes, Mouvement des
Jeunes Témoins du Christ, Feu Nouveau, les chorales d’église, les orchestres
évangéliques, fédération nationale des associations des jeunes des églises
Baptiste…
Les
étudiantes :
les associations d’étudiants (à l’UEH, à l’UniQ), Groupe ECHO (ENST, CTPEA), association
d’élèves finissants…
Les
culturelles :
les clubs de lecture, de littérature, les troupes de théâtre, de danse… (une
pléthore sur le territoire)
Les
sportives :
les clubs sportifs (football, basket, volley, échecs)
c.
Espaces d’expression et de créativité des jeunes (expérimenter la
liberté)
Espaces physiques : l’école
et les écoles de danse, de musique, de théâtre pour s’exprimer − l’église pour manifester son appartenance
religieuse, la rue et les lieux publics
pour manifester, revendiquer… − les centres sportifs pour se recréer, s’affirmer − les centres culturels pour développer et partager ses talents
(en animations, en peinture, en dessin,
en écriture, en modelage, en chant…) − les clubs (de jeux, de débat, de
lecture, de danse…)…
Espaces virtuels : le
cyberespace ou réalité virtuelle pour
créer, internet pour communiquer, interagir,
développer ses compétences − les réseaux sociaux pour s’affirmer, partager, exprimer
sa solidarité, créer un double de lui-même (Facebook, Tweeter, Google+,
Instragram, Taboo, You Tube…) − les applications informatiques sur ordinateur pour créer, développer ses capacités (jeux
vidéo, logiciels de dessins et de traitement d’images, les consoles de sons sur
ordinateurs)
Espaces symboliques : le
corps pour affirmer sa personnalité et
ses différences (maquillage, coiffure, habillement, tatouage, piercing, fitness
ou bodybuilding, parures) ou pour marquer sa préférence religieuse, sa
solidarité à un groupe, un statut (parures, croix, bracelets, bagues…) −
la vie associative pour s’accomplir et
agir (clubs de débat, associations culturelles, associations de quartiers) −
les événements culturels pour extérioriser
ses talents artistiques et de déguisements (les concours de chants, de
musique, de danse, de miss, d’écriture; le carnaval ; les festivals d’arts
populaires…) − le processus électoral pour
exprimer ses choix ou convictions politiques – les conférences-débats pour promouvoir ses opinions…
Les modes
d’expression
se manifestent dans la danse, la gestuelle, la musique, la chanson, l’écriture,
la photographie, des actes posés, les arts plastiques, les activités
artistiques, les activités sportives, les activités culturelles, les jeux
créatifs.
La créativité des
jeunes s’exerce
dans l’invention d’avatars (un double virtuel de soi sur internet), de codes
vestimentaires, d’un langage stéréotypé, d’un style, d’un look, d’une danse, d’une
personnalité (un pseudonyme), de jeux créatifs, de textes de chansons…
3/ DEFIS ET PERSPECTIVES
A-
Les Loisirs en Haïti
1.
Défis (mixité et vision)
a.1
La mixité filles/garçons dans les
loisirs des jeunes
- L’offre de loisirs
subventionnée, toutes activités confondues, s’adresse en moyenne à deux fois
plus de garçons que de filles.
- Les filles
disparaissent des équipements et espaces publics destinés aux loisirs des
jeunes.
- Les activités non
mixtes masculines sont beaucoup plus importantes que les activités non mixtes
féminines. Dès l’entrée en sixième, la séparation des sexes dans les loisirs
s’accentue et amplifie le décalage entre les activités masculines et féminines.
- Les pratiques de
loisirs semblent très fortement imprégnées des stéréotypes de sexe, au point
que le choix d’une activité ou d’une autre paraisse déterminant dans la
constitution des identités sexuées par les enfants et leur famille : aux
garçons les activités valorisant la force, l’agressivité, le collectif,
l’occupation physique de l’espace public ; aux filles les activités
privilégiant la grâce, la sensibilité, l’effacement, l’espace fermé ou privé.
a.2 occuper le temps libre des jeunes (initiatives
à l’école, des parents et d’autres acteurs du temps libre, organisation
récurrente de concours, de compétitions, de spectacles publics gratuits)
a.3 développer d’autres types de loisirs en s’inspirant des initiatives d’autres
pays, (campings, sports nature, sports et compétitions nautiques, tourisme intérieur
à moindre couts)
a.3 investir dans de nouveaux équipements
et autres infrastructures de loisirs (aires de campings, parcs naturels,
zoos, réserves biologiques, parcs à thèmes, parcs d’attractions, gymnasiums
municipaux multisports, couloirs touristiques, salles de concerts, de cinéma…)
a.4
arriver à faire émerger et se
développer dans le pays une véritable industrie de loisirs et de
divertissements
2.
Perspectives (un gisement non exploité)
- Grand
gisement de consommateurs et forte demande en loisirs des jeunes toutes
catégories sociales confondues
- Investissements
publics dans des équipements sportifs et infrastructures de loisirs en cours (stades municipaux, places publiques, plages
aménagées en province, musées thématiques de proximité…)
- Création
de parcs de loisirs (jardins botaniques,
parcs à thèmes, parcs animaliers ; aménagement de campings ; aires de
jeux dans les quartiers); création de salles de cinéma, de salles de
spectacles polyvalentes, d’écoles de musique…
- Subvention publique des offres de
loisirs
- Intégrer les loisirs comme mode
d’apprentissage dans le système éducatif
B-
Les Associations jeunesse en Haïti (un potentiel mal connu et peu utilisé)
1.
Défis
- Accompagner les associations de
jeunes pour les pérenniser, les renforcer
- Utiliser les associations de jeunes
comme des relais de communication et de sensibilisation
efficace
- Organiser
le bénévolat et le valoriser dans le système éducatif, dans l’administration
publique et les organisations privées
2.
Perspectives
- Associer
les associations de jeunes à des activités collectives bénévoles d’envergure
(alphabétisation, vaccination, reboisement, alphanétisation, coaching
d’enfants, assainissement des quartiers, promotion de droits humains,
observation électorale, vigilance de quartier),
- Engager les associations de jeunes dans
des actions ou activités civiques
C-
Les Espaces d’expression et de créativité pour la jeunesse haïtienne (on peut mieux faire)
1.
Défis
- multiplier ces espaces
- rendre certains espaces réservés
plus accessibles
- faire respecter la loi
- institutionnaliser ces espaces
- risque d’expériences non abouties
2.
Perspectives
- mieux accompagner les jeunes
dans ces espaces
- créer des espaces d’expression dans
les médias audiovisuels avec des émissions dédiées
- forte attente des jeunes pour ce
genre d’expériences
Réalisé par Jean-Gérard Anis & Carine
Schermann
FOKAL Mars-Avril 2014
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