vendredi 9 mai 2014

Jérémie: Tournoi de débat interscolaire, première édition


Une grande première à Jérémie

Débutée depuis le 15 fevrier 2014, la première édition du tournoi de débat interscolaire a touché à sa fin, dimanche 6 avril 2014, au centre Numa-Drouin de Jérémie. Ce tournoi a été une initiative du club de débat de Jérémie. La finale a eu lieu à partir de 3h pm, sur la cour du Lycée des Jeunes filles qui loge le Centre Numa Drouin. Le public était composé d’élèves, de directeurs d’école, des sponsors, du Directeur et  des inspecteurs de la Direction Départementale d’Education de la Grand’Anse, enfin des notables de la cité des poètes.
La finale de débat entre Saint-Louis et Sacré-Coeur de Jérémie commence
L’objectif de ce tournoi a été d’intéresser les jeunes de Jérémie aux activités intellectuelles dont le débat, de recruter de nouveaux membres pour les clubs et de parachever la formation aux techniques de débat, l’expérience d’une compétition publique. Cette formation a été fournie au Centre culturel Numa Drouin de Jérémie à 80 élèves (38 filles et 42 garçons) issus des 12 établissements secondaires (collèges et lycées) de la ville, par. Par ricochet, le tournoi a permis aux 2 animateurs du club d’identifier les débatteurs qui défendront ses couleurs au tournoi national de débat, en juillet prochain aux Gonaïves.

4 collèges et 6 débatteurs en scène

8 collèges de Jérémie ont participé à la compétition : Lycée Nord Alexis, collèges Naroulado, PR de Jérémie, Saint Joseph, Saint-Louis, Saint Joseph, Etzer Vilaire et Sacré-Cœur. Chaque collège était représenté par 2 équipes soit 48 débatteurs au total. Un public de 300 personnes environ, composé d’élèves, de directeurs d’école, des sponsors, du Directeur et des inspecteurs de la Direction Départementale d’Education de la Grand’Anse, enfin des notables de la cité des poètes, a assisté à la finale, arbitrée par 5 juges.
Une vue partielle du public, sur la cour du lycée de Jérémie
Après une petite parenthèse culturelle composée d’une performance de jeunes en chant et danse, la finale tant attendue, opposant les collèges Sacré Cœur et Saint Louis, les 2 équipes gagnantes des demi-finales. Les deux équipes finalistes étaient composées, du côté Pour, de Quant Lundy, Daneska Mauclair et Dieunie Rica Noel, et du côté Contre, de Samira Jeanty, Magnolita Barthelemy et Milien Pascal. Le format du débat adopté au tournoi a été le Karl Popper. 

Le match et verbatim

La finale s’est déroulée autour de l’énoncé suivant : « L’aide internationale entretient le pays dans le sous-développement », expression qu’un débatteur définit comme « la condition d’un pays dont la production et l’équipement sont à un niveau qui ne permet pas une répartition suffisante de ses richesses».

L'équipe de débatteurs du collège de Saint-Louis
Selon l’équipe affirmative du Collège Sacré-Cœur, l’aide étrangère étouffe  l’agriculture du pays. Elle rend nos paysans paresseux et réduit leurs capacités à travailler. Selon le site www.haitigrassrootswatch.com , les programmes cash for work ou food for work retirent les paysans de la production agricole. Ce que réfute l’équipe de Saint-Louis qui affirme que les organisations étrangères n’affaiblissent pas la production locale ; au contraire, elles investissent dans l’agriculture de notre pays, au point que le Venezuela a investi 9.3 Millions US dans les rizières l’Artibonite et des terres fertiles du Plateau central, cité dans  www.ayitinews.com.

L’équipe du Sacré-Cœur défend sa position en affirmant que « l’aide étrangère, selon eux,  affaiblit l’Etat ». Après le 12 janvier, L’USAID nous a fourni des abris provisoires à Haïti, au lieu d’encourager la reconstruction. Même le président haïtien Michel, dans l’émission, Le grand oral, en Belgique, a reconnu que « l’Etat s’est effondré à partir de la présence des aides étrangères que le pays s’est déstabilisé, surtout avec leur va et vient sans rendre compte de leurs activités et leur manque de transparence ». Mais une fois encore l’équipe contre a contesté l’argument en faisant valoir que durant le séisme du 12 janvier, les ONG ont participé activement en nous apportant de l’eau, de la nourriture, des soins de santé, des vêtements et toute sorte d’aide humanitaire sans laquelle nous serions morts en plus grand nombre.
Une débatteuse du collège Sacré-Coeur, en plein discours
Combattive, l’équipe affirmative a conclu que « les organisations internationales avec leur aide ont tout déstabilisé, c'était un Etat parallèle à l'Etat" a ajoute le président. Cette aide n’a pas contribué vraiment à nous aider, comme on aime à le  prétendre. Même quand l’équipe négative a acquiescé en partie à cet argument, elle a pourfendu ce raisonnement en faisant valoir l’idée que généralement celui qui paie commande. Les pays développés nous imposent leur dirigisme parce qu’ils sont plus expérimentés que nous, donc plus aptes à nous conduire sur la voie du développement.

La contre-attaque

Les débatteurs de Saint-Louis ont à leur tour démontré dans leur argumentaire que l’aide étrangère est un formidable levier de développement pour le pays. Elle soutient la population sur le plan sanitaire puisque, grâce à des organisations internationales comme Care, Médecins sans frontières … l’accès aux services de santé est plus facile et plus efficace. D’après l’organisation Médecins sans frontières en Haïti, elle a assisté 14890 accouchements, a traité 24980 patients pour le choléra et a fait 16820 interventions chirurgicales au moins depuis 2010.
Une débatteuse de l'équipe de Saint-Louis réagissant au discours de son adversaire
L’aide nous soutient sur le plan éducatif. L’Université Henri Christophe à Limonade donné par Saint-Domingue au pays, et les innombrables bourses d’études offertes chaque année par le Mexique, le Canada, le Brésil…, viennent pallier l’incapacité de l’Etat haïtien satisfaire les besoins en formation universitaire de nos étudiants finissants.

Et enfin, l’aide internationale soutient notre économie, vu que le budget du pays est financé à 60% par la communauté internationale, preuve qu’elle veut aider à notre développement. En somme, l’aide économique étrangère est un support important au budget haïtien et aide à la réalisation de plusieurs projets tels la route Cayes-Jérémie, financée par la Banque Interaméricaine de Développement et l’Agence canadienne pour le développement international. Le Venezuela a même annulé la dette d’Haïti envers Haiti.
Fair play entre les adversaires: le débat reste un jeu...
Ce à quoi, sans se démonter, le collège Sacré-Cœur a rétorqué par cette pirouette interrogative : « Si l’aide étrangère qu’on nous donne nous soutient pour 1 ou 2 jours, en quoi cela va nous être utile sur le long terme ? »

Et l’équipe gagnante est…

Le verdict de cette joute intellectuelle entre ces 2 équipes offensives a été sans appel. Les 5 juges du débat, par leur vote unanime, ont sacré l’équipe du collège Saint Louis, qui s’est opposée à l’énoncé, championne du tournoi.
L'équipe de Saint-Louis, championne de la compétition
Accompagné de trois jeunes, Waldinde, l’animateur du club, a remis les primes à la vaillante équipe finaliste de l’épreuve, le collège Sacre Cœur, et à celle du collège Saint Louis, victorieuse de la confrontation. Chaque joueur de l’équipe championne a reçu un jeu d’ouvrages  offerts par la FOKAL, la Direction Départementale de l’Education de la Grand’Anse et les Editions Zémès, un ipod de Nathalie Ladouceur (une canadienne), un bouquet de fleurs confectionné par des jeunes du club avec des objets en plastique, une bourse d’études de l’Alliance Française de Jérémie, et une bourse d’études du sieur Remarais à UP-TO-DATE English School.

Danescar Mauclaire du Sacré-Coeur, malgré la défaite de son équipe, a été désignée meilleure débatteuse de la compétition. Elle a été récompensée avec un jeu de livres et un ipod. Une nouvelle étoile vient d’émerger dans le programme de débat de FOKAL.

À refaire

Monsieur Marcel JEANTY, Directeur Départemental d’Education a pris la parole à la fin pour encourager ce genre d’activités intellectuelles à Jérémie, qui permettent aux jeunes de s’épanouir tant au point de vue intellectuel que social. « Et, je me demande, dit-il, si on ne pourrait pas organiser un tournoi de débat de ce genre deux fois l’an dans le département et donner la possibilité à toutes les écoles d’y prendre part ». Ces paroles ont été fortement entendues et applaudies par le public, visiblement satisfait de cette finale.
Waldinde, entouré des débatteurs de l'équipe de Saint-Louis
Waldinde a félicité les 2 équipes, puis les 62 élèves qui ont participé au tournoi, tout en les invitant à venir s’inscrire au club de débat. Enfin, il a chaudement remercié toutes les personnes qui se sont déplacées pour assister au débat et toutes les personnes grâce à qui le tournoi a été rendu possible, les 7 juges engagés dans la compétition depuis le début, et particulièrement Marcel JEANTY qui a très grandement supporté l’évènement. Car cette finale fut un évènement à Jérémie !

Waldinde GERMAIN
Animateur du club de débat de Jérémie 

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