S’intégrer
dans un environnement nouvel, se frayer un chemin alors qu’on ignore ce qu’on
va trouver tout au fond du tunnel, s’imposer dans une famille dont on ignore le
fonctionnement, voilà tout ce dont à quoi je faisais face, il y a de cela
environ trois années.
Mon
nom est Rose Guyrlène Régis. J’ai intégré ce club alors que je n’étais qu’une
ado en 3ème à l’école congréganiste Christ-Roi (Filles de Marie). Tout
a commencé un jour qui n’avait rien de trop extraordinaire; c’était la routine
dans les locaux des Filles de Marie. Et comme à l’accoutumée, la directrice
s’est présentée en classe afin de procéder à une élection. On n’était
certainement pas bien imbues de l’invitation qu’on nous faisait. Mais de toutes
façons, c’était bien mieux que de rester en cours.
Je
me rappelle bien de notre arrivée à Pyepoudre, là où les anciennes telles que
Vénadia Déssipé, Schéhérazade, Tamara ainsi que toute la belle équipe nous
avaient faites une bonne réputation avec toutes les victoires qu’elles ont eues.
Je me suis vite mise dans l’ambiance à la rencontre des Sacherncka Anacasis (l’une
des coaches qui m’a marqué d’ailleurs) qui nous parlait de ses expériences de
débat. Je commençais à me sentir dans ma sphère; ce qui a par la suite motivé tout
mon parcours avec FOKAL.
L’accueil
fut chaleureux. Toutefois cela n’en était rien. Clarisse était la première à se
jeter à l’eau. Elle a eu son premier essai en débat. Quelques jours plus tard,
c’était à mon tour de me mettre la honte de ma vie face au club BMC. Ce match
qui allait déterminer toute ma carrière en débat me paraissait catastrophique,
mais non pas tant que ça... Plus les jours passèrent et plus je commençais à y
voir plus clair …
J’ai
réellement pris mon envol le soir où ma mère a reçu cet appel de l’animateur du
club, Alfred Désir, qui voulait avoir une approbation afin que je puisse me
rendre à Jérémie représenté le club. C’était pour moi, l’occasion en or de
prouver ce que je valais. Mon expérience à Jérémie est à jamais marquée dans ma
mémoire, car il s’agissait là d’un privilège que beaucoup d’autres jeunes
pouvaient rêver. Chaque fois, je donnais toujours le meilleur de moi.
Débattre
au club demandait un peu plus chaque jour et c’était avec fierté que je
contemple la jeune femme audacieuse, ambitieuse très sûre d’elle que je suis
devenue. Je me suis forgée une nouvelle moi. J’ai appris, j’ai profité
pleinement de chaque occasion qui s’était présentée, mais surtout j’ai appris à
vivre avec l’autre, à l’accepter, à coopérer, à nous soutenir mutuellement et à
apprendre de chacune de mes erreurs indistinctement.
Les
expériences se poursuivirent à Seguin, Jacmel, dans les Cayes et au Cap Haïtien...
Chacun d’eux avait une leçon à m’inculquer, une pluie de bonheur à m’apporter.
Je ne pourrai pas oublier notre trajet dans cette forêt avec cette bûche qu’on
voulait faire brûler dans la soirée dans l’auberge, ces longues marches
inépuisables qui nous menaient à la Citadelle, nos sorties animées dans la
ville de Jacmel, sans oublier le fameux vendredi saint dans la ville des Cayes.
Le
club m’a tout donné tant sur le plan personnel qu’intellectuel, car mes
expériences dans le débat m’ont non seulement aidé à m’affirmer, à défendre mes
points de vue tout en ayant la tolérance d’écouter l’autre, mais aussi à
améliorer mon art oratoire.
Le
poids des années ne saurait effacer ces liens forts qui m’unit au débat plus
particulièrement à ce club qui m’a initié.
Merci
à Jean-Gérard Anis pour cette initiative. Et aussi à Alfred Désir qui, durant
toutes ces années, s’est consacré afin que ce pays ait davantage de têtes
pensantes.
Mon
parcours en débat fut extraordinaire, car débattre c’est vivre, c’est
s’affirmer.
Rose
Guyrlène Régis
École
congréganiste de Christ-Roi
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