Inscrite dans le club a la fin de
l'année 2017, j’ai pris part à la formation réalisée pour les nouvelles recrues
et a représenté du même coup le Lycée Marie Jeanne que je fréquente, à une
compétition de débat interscolaire à Bourdon, où notre équipe n’a
malheureusement pas été qualifiée pour les phases éliminatoires. C’est alors
que je commençai à prendre au sérieux le débat. Je débattais autrefois avec mes
camarades, mais pas de cette manière apprise dans le club. Bien que je n'aie
pas trop compris dès le début, je me concentrais sur les séances de formation.
Je m'arrangeais pour ne jamais rater une séance, car pour moi rater une séance,
c'est tout simplement rater la possibilité, la chance de progresser dans le débat.
Après la formation, le club
organise des matchs d'évaluations pour mettre en pratique les connaissances
acquises. Ce n'est que lorsque j'ai commencé à débattre que j'ai saisi le vrai
sens du débat et aussi l'accumulation d'une somme d'expériences confortable.
Débattre, une nouvelle façon de voir le monde
Le débat a changé ma façon de
voir le monde, je considère le débat comme étant un art mystérieux qui m'a
permis d'exploiter le pouvoir des mots.
Le club de débat de Bourdon
m'aide à avoir un esprit critique, un esprit d'équipe, à ne pas tout accepter
comme une évidence, à remettre en question, à connaitre le bien-fondé de quoi
que ce soit, à ne pas juger à la minute. Autrefois quand je discutais, j’avais
plutôt tendance à chamailler. Ces discussions entre mes potes avaient
tendance à devenir des disputes. Quand j'ai commencé à débattre, ça m'a permis
de discuter correctement.
J'apprécie tout particulièrement
la discipline qu'impose le débat. Au débat on sait qu'on a un temps de parole, qu’on
n’est pas le seul à parler, qu’on doit donner à l'autre la chance de parler,
qu’il faut savoir aussi écouter ce que la personne a à dire afin de pouvoir réfuter. Je suis fière d'affirmer que le débat m'a changé en profondeur. Il n’y a pas que
ce comportement que le débat m'a appris. Avant j'étais très timide. Dès que je
devais prendre la parole je stressais. Le débat m'a aidé à éradiquer cela.
Ma force et ma faiblesse
Pour moi ma plus grande force
réside dans le fait d'avoir mis en application les conseils du coach et du
responsable de mon club.
L'application de ses conseils
m'a porté fruit. Je représentai pour une deuxième fois le lycée. Notre
équipe a su garder la deuxième place, et moi aussi j'étais la deuxième meilleure
débatteuse, avec la différence de 1 point. C’était un début pour moi ; ce
titre était une occasion pour moi de travailler davantage, de faire plus
d'efforts, car c'est uniquement en travaillant que l'on peut avoir des résultats.
En dépit de cette force, je considère le stress que je gère assez bien comme
une potentielle faiblesse.
J'ai représenté le club dans le
camp national. C’était ma fierté. Cette expérience dans le tournoi a été
plaisante, mais stressante aussi. Du coup, j’ai été en finale du tournoi mixte.
Je n'ai pas aimé, au cours de cette expérience, qu’on ait déclaré l’équipe
adverse championne du tournoi. J’étais un peu furieuse, mais j'étais en même temps
heureuse pour eux, car je reconnais qu'ils ont mieux joué la finale que nous, et
avoir appris encore une leçon dans le débat : 'le fair play’.
L’effet du débat sur mon avenir
Lorsque je n’étais pas encore
dans le club, je rêvais de laisser le pays, d’aller vivre ailleurs. Mais en augmentant
mes capacités intellectuelles, je me suis rendue compte que le pays a besoin de moi,
que c’est mon devoir de citoyenne de m'impliquer dans l'avancement du pays. Ce
n’est pas à Haïti de m'offrir, mais à moi de lui donner mon aide, mon amour et
mon savoir. Comme le 35ème président des États-Unis, John Fritzgerald Kennedy
(1961 à 1963) l'a si bien dit : "Ne
demandez pas au pays ce qu'il peut faire pour vous, mais demandez à vous même ce que vous
pouvez faire pour votre pays".
Le débat a changé ma façon de
voir le monde ; il m'a donné une direction, une bonne cause pour continuer
à me battre pour ce que je veux vraiment. Enfin, il m'a donné une famille, le
club de débat de Bourdon.
Wisancha Israël Justin
Lycée Marie Jeanne
Débatteuse
du club de Bourdon
Campagne IDEA/FOKAL/PIJ : « Le débat a changé ma vie »
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